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Quartiers alternatifs et reconversion territoriale : Le cas d’Amsterdam
VILLES EN MUTATION, COMMENT CONVERTIR SON TERRITOIRE ?
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Quartier alterna-quoi ?
Les quartiers dits “alternatifs”, ça vous dit quelque chose ? Si ce n’est pas le cas ça ne saurait tarder. Ces nouveaux espaces urbains ont fait leur preuves, devenus à la fois des lieux de vie pour les habitants et un attrait touristique pour les curieux, les grandes villes s’engagent dorénavant dans le développement de ces lieux d’expérimentation de nouvelles approches de l’urbain.
La culture alternative c’est le goût du changement, de faire différemment. Ce qui rend ainsi les initiatives inédites, uniques, et donc particulièrement intéressantes à étudier. La contre culture vient toujours nourrir la culture commune en lui faisant remarquer ses points faibles. A la fois populaires et touristiques… comment ces quartiers alternatifs pensent et font déjà la ville de demain ?
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Que fait-on de chouette en Europe ?
Que ce soit le quartier Exarcheia à Athènes, Kreuzberg à Berlin, Christiania à Copenhague… tous réinventent l’aménagement, la gestion et la vie de quartier. Dans ce court article nous allons nous attarder sur le cas de NDSM à Amsterdam, un exemple de réussite de développement urbain et de réaménagement du territoire : être passé d’une friche inanimée à un quartier branché.
NDSM, DU CHANTIER NAVAL AU CHANTIER CULTUREL
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Dans le port d’Amsterdam, il y a des marins qui chantent (plus trop)
NDSM n’est qu’un maillon de l’immense reconversion en cours des quartiers portuaires de la rive nord d’Amsterdam. NDSM est l’acronyme de l’entreprise qui fut jusque dans les années 1960 l’un des plus grands constructeurs navals au monde, devenu immense friche industrielle après sa faillite en 1984, lorsque l’industrie navale mondiale s’est effondrée. Cette zone portuaire délaissée est alors récupérée par des artistes qui investissent ces immenses hangars désaffectés et par des skateurs qui découvrent un vaste terrain de jeu.
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Il faut que jeunesse se fasse
2005 marque un tournant pour le quartier puisque la ville décide de retaper les anciens conteneurs multicolores pour en faire des résidences étudiantes. Puis, naturellement, les bars, cafés et restaurants ont commencé à se développer et à donner vie au quartier.
Des événements viennent ponctuer l’animation de NDSM, dont l’espace dépassant la superficie de dix terrains de football permet l’accueil d’un immense marché aux puces, ou encore le festival de musique DGTL Amsterdam.
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Concrètement, qui structure les 80 000m² ?
Il s’agit d’une fondation crée en 2000 : NDSM/Stichting Kinetisch Noord, initialement portée par des collectifs d’artistes, artisans, acrobates, skaters, compagnies artistiques et organisations (socio)-culturelles. L’occupation prend la forme d’une location auprès de son propriétaire : la municipalité d’Amsterdam.
Les principaux partenaires financiers du projet sont la ville d’Amsterdam et le ministère de la Culture pour l’activité liée au lieu lui même, et pour les activités culturelles ce sont le Fonds d’Amsterdam pour les arts (Amsterdams Fonds voor de Kunst), VSB Fondation et Prins Bernhard Fondation qui soutiennent le projet.
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De la création de synergies culturelles
Sur le site officiel, l’équipe de la fondation exprime l’objectif de créer “un espace de travail fonctionnel et accessible, multidisciplinaire et expérimental, afin de créer un point de rencontre pour des jeunes artistes internationaux issus des arts visuels, arts du spectacle, du théâtre où…
– les jeunes cinéastes, régisseurs de théâtre, musiciens, plasticiens pourront faire évoluer leur art en toute liberté. Tout cet espace pourra ainsi être expérimenté.
– le voisinage de diverses petites entreprises et de métiers de la culture et de l’art ne pourra être que fructueux.
– la synergie entre les usagers, grâce aux échanges et au travail en commun, mènera à une plus-value artistique stimulante.
– le public pourra retrouver son âme culturelle.”
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La philosophie du lieu : participation responsable
L’équipe souhaite également développer une certaine philosophie du lieu, une forme alternative de planification urbaine dans l’idée de créer une “cité” vivante. Les règlements concernant la construction sont volontairement minimes pour que reste la liberté nécessaire à des formes diverses et imaginatives d’expression. Les habitants et les usagers ne sont pas de simples consommateurs mais participent de façon active au développement du lieu.
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Gentrification en cours…
Autour de NDSM c’est tout le quartier qui s’active. La chaîne MTV, Red Bull, Hema, Greenpeace et Pernod-Ricard ont installé leur siège néerlandais dans le quartier, contribuant à développer l’activité et à valoriser son image… et à faire flamber les prix. Une immense grue portuaire a même été transformée en hôtel de luxe !
Au cours des années, la fondation SKN s’est largement politisée. Les artistes et entrepreneurs expérimentant le processus de gentrification et de co-optation se sont sentis menacés. Ils répondent en montant en 2008 leur association “De Toekomst” afin de davantage défendre les premiers occupants et la volonté culturelle et artistique initiale du lieu. Toutefois cette association a du mal à gagner en légitimité malgré l’intégration d’un de leur membre au sein du comité de pilotage de la fondation SKN.
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…mais conservation de l’ADN
Le street art y est omniprésent, la nourriture healthy, la décoration bohème. Pourtant, ce sont bien les structures qui donnent son caractère unique au lieu : des grues, un sous-marin soviétique, des containers (ceux transformés en résidence étudiante),… les hangars réaménagés ont conservé leurs charpentes métalliques apparentes etc. Ses vastes quais ont été déclarés “monuments historiques” en 2008 afin de conserver l’esprit des anciens chantiers. L’identité et l’authenticité du quartier sont protégées tandis que le quartier se gentrifie, on observe alors un charme déroutant, unique. Et ça fonctionne.
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.Mon point de vue d’étudiante en marketing de l’innovation et des territoires
Au delà de saluer la démarche, il s’agit ici de faire un retour sur l’attractivité du lieu d’un point de vue du marketing territorial. Parlons alors de l’ADN, et de l’image de NDSM. Le choix de protéger et mettre en avant les éléments rappelant l’histoire du lieu, tout ce qui se rapporte à l’univers naval, est un excellent moyen de développer une identité. Un ADN spécifique est un élément de différenciation qui permet la distinction culturelle du lieu. Un lieu unique c’est un lieu attractif car sa rareté lui donne de la valeur. Jamais Paris n’aura de quartier venant à être semblable à NDSM. De plus l’histoire de ce quartier reflète l’histoire générale d’Amsterdam et des Pays-Bas : un pays compétitif sur le plan des compétences liées à l’eau. Alors, réhabiliter les vestiges d’une industrie en perte de vitesse, n’est-ce pas démontrer le dynamisme et la créativité d’un pays qui va de l’avant ?
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CHAMPION DU MONDE DE FOOT, ET DES QUARTIERS ALTERNATIFS ?
Dans la seconde partie de cet article, nous observerons ce que la France entreprend en termes de quartiers alternatifs. Nous allons mettre en parallèle le quartier de Darwin à Bordeaux, celui des Grands Voisins de Paris et enfin les toutes récentes Halle Tropisme de Montpellier.
Comment nous débrouillons-nous par rapport à nos voisins européens ? Sommes nous en avance ou en retard ?
A découvrir prochainement !
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Pour aller plus loin :
- 20 quartiers branchés et alternatifs dans le monde
- Le site officiel de NDSM
- Informations clés sur la fondation SKN
- Reportage “NDSM à Amsterdam : RDV avec le port industriel, street art et bars” avec photos
- Article de blog de “HOP EN ROUTE!” sur Amsterdam avec photos sur NDSM
- Dossier d’étude plus détaillé sur le quartier NDSM
Article rédigé par Annelise Franch,
Etudiante en Master 2 MIT
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