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« J’avais 9 ans. C’était mon père. »
L’avocate Camille Kouchner a publié, ce mois-ci, un livre dans lequel elle dévoile l’inceste dont a été victime son frère jumeau par son beau-père, Olivier Duhamel, célèbre politologue français.
Aujourd’hui, un débat sur l’inceste a éclaté en France et des milliers de personnes partagent leurs expériences en ligne.
#Metoo
Depuis quelques jours, suite aux révélations de l’avocate Camille Kouchner, le célèbre hashtag #Metoo a fait son grand retour.
A l’origine issu du mouvement MeToo, qui représente depuis plusieurs années la lutte contre le sexisme, les abus et la coercition au quotidien dans le monde entier, il s’est aujourd’hui décliné en #Metooinceste.
Un débat a ainsi depuis peu éclaté en France sur les violences sexuelles dans le contexte familial. De nombreuses personnes partagent leurs expériences d’agression au sein de leur propre famille sous ce nouveau hashtag.
La parole appartient désormais à ces enfants que l’on a fait taire pendant de nombreuses années. Les chiffres glaçants, révélés par Ipsos, selon lesquels une personne sur dix en France affirme avoir été victime d’inceste, possèdent aujourd’hui un visage.
« J’avais …»
« J’avais 9 ans. Je n’oublierai jamais ce sentiment de honte, de culpabilité, de vulnérabilité. C’était mon père. Il m’a violée jusqu’à mes 17 ans. » ; « J’avais entre 11 et 14 ans. C’était mon frère. J’ai 57 ans et je suis toujours victime de ce passé. » ; « J’avais 6 ans, puis 7, 8 et enfin 9 ans lorsque mon frère m’a violée. ».
Tant de phrases choc, qui semblent presque irréelles mais qui s’enchaînent à profusion sur les réseaux sociaux.
Des célébrités interviennent également dans le débat. Alexandra Lamy a mis une vidéo poignante en ligne dans laquelle elle lit à voix haute les messages de victimes d’inceste. Cette vidéo, vue presque 300 000 fois, communique un message d’espoir à toutes les victimes.
« Pour toutes les personnes qui ont le courage de parler, pour toutes celles et ceux qui n’osent pas parler, qui ont peur qui se sentent: seul(e), isolé(e). On vous écoute, on vous croit. » a déclaré l’actrice sur Instagram.
Alexandra Lamy n’est pas seule à s’être mobilisée pour la cause. Publicis et l’association face à l’inceste ont uni leurs forces dans le cadre d’une campagne de communication invitant à agir pour changer la loi.
La question du consentement est au cœur de cette campagne. Car en 2021, en France, un enfant qui révèlerait avoir été victime d’actes incestueux se verrait dans l’obligation de prouver qu’il n’était pas consentent lors des faits.
Cette campagne prend la forme de dessins animés réalisés par la société de production Jungler en collaboration avec l’illustrateur new-yorkais Jackson Edward Joyce.
« Face à l’inceste – Deux cauchemars dans mon histoire. ». Ces cauchemars dont il est question dans le titre sont ceux que fait immuablement un enfant. Le téléspectateur comprend rapidement que l’enfant est victime d’inceste.
Le premier cauchemar renvoie au bourreau qui se glisse la nuit dans son lit. Le second, quant à lui, fait référence au magistrat, supposé le protéger de ce prédateur sexuel. Mais qui n’intervient pas, et qui, au contraire, remet en question la véracité de ses propos en lui demandant « es-tu sûr d’avoir dit non ? ».
Cette campagne éveille les consciences mais elle ne suffira pas, à elle seule, à résoudre le problème. Le plus important est qu’il n’y ait plus de prescription pour les abus sexuels sur les adolescents et les enfants.
Lois contre l’inceste
Emmanuel Macron a annoncé, à la suite de cette insurrection générale, vouloir durcir les lois contre l’inceste. En 2018, le délai de prescription des violences sexuelles sur mineurs en France a été prolongé.
Depuis, les victimes n’ont plus 20 ans mais 30 ans après avoir atteint l’âge de consentement pour signaler le crime. Mais le gouvernement ne souhaite pas s’arrêter là.
Dans une vidéo publiée sur Twitter, le président a annoncé que les lois seraient adaptées pour mieux protéger les enfants victimes d’inceste et de violences sexuelles. Plusieurs mesures ont été annoncées à cet effet.
Des rendez-vous de dépistage et de prévention vont être instaurés au primaire et au lycée. Le but étant de donner aux enfants une chance de parler et de briser ce tabou.
Le chef d’état promet également une meilleure aide psychologique pour les victimes d’inceste, aide qui serait désormais remboursée par la sécurité sociale.
Une proposition de loi a récemment été adoptée à l’unanimité par le Sénat visant à créer un nouveau crime sexuel pour protéger les mineurs de moins de 13 ans.
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