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Masdar City : utopie ou réalité ?
Masdar City est située en plein milieu du désert des Émirats Arabes Unis. Considéré comme une ville nouvelle et ville verte de l’émirat d’Abou Dabi, elle a été conçue pour être la première ville entièrement alimentée par des énergies renouvelables, avec une empreinte carbone nette nulle. Elle abrite également un réseau de transports publics entièrement automatisé.
Après plus de 10 ans depuis sa construction, Madar City a-t-elle réussi à atteindre les objectifs qu’elle s’était fixée en tant que ville durable ou bien n’est-elle restée qu’une vitrine verte de son pays hôte, riche en pétrole ?
MASDAR’CITY : UN PROJET D’AVENIR OU UN PROJET DE COMMUNICATION ?
Au point de départ, la ville a été conçue comme un projet pilote qui avait pour objectif principal de démontrer la faisabilité, la rentabilité et la reproduction des villes écologiques à travers le monde.
Une ambition qui se traduit dans le choix du nom Masdar (مصدر), qui signifie « source » en arabe. Un choix de nom qui témoigne de l’ambition initiale du projet de devenir un modèle de référence pour la création de villes durables dans le monde.
Cependant, il n’a pas fallu longtemps pour que le projet suscite un scepticisme généralisé et croissant. Une question revient : pourquoi l’un des pays les plus polluants au monde, dont l’économie repose en partie sur le pétrole, s’engagerait dans la transition écologique ?
Mais malgré les critiques et les interrogations soulevées par le projet, il existe des motivations tout à fait rationnelles derrière la création de la ville : les hydrocarbures ne sont pas des ressources illimitées.
Ainsi, pour l’héritier cheikh Khalifa ben Zayed al-Nahyan, Masdar City n’est que l’élément d’un projet plus ambitieux, qui vise à établir un empire du photovoltaïque aux Émirats Arabes Unis.
UNE VILLE FANTÔME
Une bonne nouvelle est que Masdar a largement atteint ses objectifs de faibles consommations d’énergie. Cependant, cela s’explique en partie par le fait que presque personne n’y habite.
La ville ne compterait qu’à peine 2 000 résidents : des chercheurs, des employés, des ouvriers du bâtiment et surtout environ 300 étudiants. En effet, la ville abrite le siège d’une université spécialisée dans les énergies renouvelables. Ceux-ci bénéficient d’avantages non négligeables puisqu’en plus d’être logés et véhiculés gratuitement, chaque étudiant reçoit une rémunération supérieure à 1 700 €.
La principale raison expliquant ce manque d’intérêt serait la situation géographique peu pratique et difficile d’accès de Masdar, la ville souffre d’un emplacement peu favorable. De plus, la ville n’apparaît pas très attrayante et est souvent qualifiée de « ville fantôme ». Pour cause : son manque d’activités. Les cafés, restaurants et autres activités de loisirs se font rares.
LE TAXI ROBOT : UN CONCEPT QUI DOIT ENCORE FAIRE SES PREUVES
La stratégie de transport de Masdar City repose sur les moyens de transport public innovants et durables. Il s’agit en effet de voitures électriques autonomes appelées : PRT (Personal Rapid Transit). Guidées par des bandes magnétiques dans un système souterrain, c’est l’un des éléments les plus audacieux du projet.
Pourtant, à l’heure d’aujourd’hui, le projet est un réel échec. Malgré sa renommée, le réseau de voitures électriques ne compte que dix véhicules et deux stations, avec une distance de seulement 1,5 kilomètre entre elles. Dans le nom, on retrouve les termes « Personal » et « Rapid », la case personnelle étant bien cochée, en revanche la case rapide doit encore faire ses preuves. En effet, la capsule ne dépasse pas les 40 km/h.
Aujourd’hui, le projet a été abandonné et la ville se concentre sur les voitures et bus électriques standards. Cependant, cette idée ne fait pas l’unanimité des locaux puisqu’on constate un certain nombre de 4×4 et de grosses cylindrés sur les parkings.
LA VILLE DURABLE : UN RETOUR AUX SOURCES ?
En bref, la notion de ville durable évolue constamment et se trouve de plus en plus présente dans les débats autour de l’avenir de nos villes. Cette approche qui consiste à concevoir des villes qui répondent aux besoins des habitants tout en minimisant leur impact sur l’environnement pourrait faire l’objet en réalité d’un retour aux sources.
Les villes seraient alors conçues pour fonctionner en harmonie avec leur environnement naturel. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la ville durable ne repose pas uniquement sur de nouvelles technologies, qui peuvent parfois être polluante. Au contraire, elle privilégie souvent des solutions simples et naturelles, qui ont fait leur preuve dans le passé. Par exemple, la plantation d’arbres pour améliorer la qualité de l’air et réduire la chaleur urbaine.
https://masdarcity.ae
Un article rédigé par Lou Elleboode
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