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Winter has come (again)…
Comme sur Netflix, le résumé de l’épisode précédent était bien la “préquelle” de la nouvelle saison des vagues de froid qui se sont abattues en Europe au printemps dernier.
Le 15 mars 2022 paraissait un communiqué de presse les chiffres officiels de l’Office Fédéral de l’Agriculture (OFAG) sur les dégâts enregistrés sur le vignoble suisse. On pouvait mesurer avec plus de recul les conséquences de la météo sur la qualité et la quantité de la récolte 2021 sur le territoire helvétique. L’OFAG indique que 2021 est la pire récolte en termes de volumes depuis 1957 : -36% par rapport à la moyenne décennale. Un véritable séisme pour la filière qui produisait en moyenne environ 95 millions de litres de vin. Cette année a non seulement été difficile en raison du gel mais aussi par la pluviométrie importante du mois de juillet qui a favorisé oïdium et mildiou ou encore les épisodes de grêle sur le vignoble genevois de la rive gauche en juin.
Un point positif peut toutefois être mis en valeur : les bonnes conditions climatiques du mois d’août et septembre ont permis une maturation optimale des baies restantes. Ces dernières devraient donc permettre aux vignons et vigneronnes de produire des vins d’une grande qualité, en raison d’un rapport sucre/acidité optimal, sans besoin des vendanges anticipées qui auraient eu pour effet une sous-maturité des pépins et des rafles.
Deux semaines après la publication de ce communiqué, les vignerons et arboriculteurs sur le Vieux Continent se remettaient en ordre de bataille pour lutter contre le froid début avril 2022. Après un mois de mars particulièrement clément sur l’ensemble de l’Hexagone et de la Suisse romande, le froid a donc décidé de faire son retour avec de la neige en plaine, du Nord au Sud-Ouest. Puis une semaine plus tard, nouvelle vague qui touche durement les vignobles de Champagne, de Bourgogne ainsi que la Suisse
Romande.
Ces nouvelles vagues de froid montrent que le changement climatique, avec des hivers plus doux qui causent des débourrements plus précoces, est à prendre au sérieux dans la filière. De nombreux domaines ont investi récemment dans des solutions modernes (fils chauffants, éoliennes, tubes à air chaud) mais cela reste des solutions coûteuses, autant en énergie que financièrement. La majorité des domaines se sont donc contentés de techniques plus traditionnelles comme les bougies, feux de paille ou jets d’eau. On notera que la pénurie de matière première et des chaines d’approvisionnement que connait le monde du vin sur les matières sèches depuis février 2020 et la guerre en Ukraine ont été ressenties par les vignerons qui cherchaient des stocks de bougies pour réchauffer leur vignoble. Certains et certaines ont dû capituler dans leur bataille face au froid faute de moyens techniques et il semblerait que l’arme la plus efficace reste la taille tardive. La profession apprend chaque année au contact de la nature, ce qui peut permettre aussi d’espérer un impact moins important du gel qu’en 2021.
En avril, seules les régions du Languedoc et de la Provence, protégées par les vents de la Méditerranée, semblaient être passées au travers de cet épisode de gel sans grands dommages. A présent la profession se veut plus rassurante sur l’étendue des dégâts, qui parait moins importante qu’escomptée. La floraison se déroulant bien, tous les espoirs sont permis pour ce nouveau millésime. Les viticulteurs sont peut-être passés entre les gouttes cette année, mais qu’en sera-t-il l’an prochain ? Réinventer les pratiques viticoles à l’aune du dérèglement climatique semble plus que jamais une urgence.
Benjamin Aebi
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